Le dirigeant d’entreprise moderne est-il une personne empathique qui se met facilement à la place de ses collaborateurs ? Ou est-ce tout le contraire et les travailleurs souhaitent-ils bénéficier d’un dirigeant doté de compétences dures qui adopte une approche claire ?
Stijn Baert, économiste du travail à l’UGent, résout ce dilemme et fait le lien avec le bien-être mental au travail.
Il n’y a aucun doute pour Stijn Baert : en 2021, le dirigeant d’entreprise moderne doit faire preuve d’empathie. D’après lui, le dirigeant d’aujourd’hui doit disposer non seulement de compétences dures pour diriger une entreprise, mais aussi de compétences douces pour le faire de manière durable. « Autrement dit, il ne doit pas uniquement tenir compte des résultats du jour », précise-t-il. « Les entreprises veulent bien évidemment faire des bénéfices qu’elles peuvent reverser à leurs actionnaires. Mais il est essentiel d’après moi, de ne pas se concentrer uniquement sur les gains du moment. Il est insensé de presser votre entreprise et vos collaborateurs et de risquer peut-être de discréditer l’image de l’entreprise. Cette approche lui coûtera cher justement. Un bon dirigeant veillera donc toujours à garder ses collaborateurs en forme, de manière à ce qu’ils puissent fournir de bonnes performances au quotidien, aussi bien aujourd'hui qu'à l'avenir. »
Clarification des principaux objectifs
Pour y parvenir, il faut faire preuve d’empathie. En tant que dirigeant, il vous faudra déterminer les objectifs majeurs de votre entreprise et la manière dont les activités s’intègrent dans l’entrepreneuriat orienté valeurs. Stijn Baert : « Il est essentiel que vous impliquiez vos collaborateurs dans ce processus, de manière à ce qu’ils connaissent les ambitions que vous visez pour les cinq ou dix années à venir et les valeurs clé utilisées dans ce cadre. Dans le cas contraire, ils peuvent ne pas agir en fonction et entreprendre des actions qui ne soient pas compatibles avec votre stratégie. S’ils connaissent vos valeurs, ils travailleront avec plus de conviction et d’engagement tout en tirant peut-être aussi davantage de valeur de leur travail. »
Approche interactive
Stijn Baert souligne toutefois que le leadership empathique doit être interactif. Il ne s’agit donc pas uniquement de communiquer clairement vos objectifs et valeurs. L’empathie consiste aussi à être à l’écoute de ce qui vit au sein des équipes. « Il y a certainement beaucoup de travailleurs qui pensent qu’ils ont trop peu voix au chapitre ou que la direction que prend l’entreprise est différente de celle qu’ils emprunteraient », indique Stijn Baert. « Auparavant, il existait les boîtes à idées, mais elles ont disparu aujourd’hui. Le management et les collaborateurs se sont toutefois rapprochés avec une hiérarchie moins stricte. Les entreprises ont tout à gagner à identifier les signaux que leur envoient leurs collaborateurs afin de les inclure dans les grandes stratégies. Si vous donnez l’impression aux collaborateurs qu’ils décident avec vous de la direction que prend l’entreprise, ils rempliront leur mission en étant plus engagés tout en se sentant davantage valorisés. C’est aussi essentiel pour les garder en pleine forme. »
Stress
Stijn Baert souligne également le fait qu’un dirigeant empathique joue aussi un rôle important dans le bien-être mental de ses collaborateurs.
« Un dirigeant empathique veille non seulement à garder le stress des collaborateurs à un niveau acceptable, mais aussi parallèlement, à se montrer compréhensif quand la situation est quelque peu moins bonne. Quand l’on sait que les burn-outs découlent du stress ressenti, d’une part et des sources d’énergie pour compenser ce stress, d’autre part, le leadership empathique vous permet de faire d’une pierre, deux coups. Il constitue donc un investissement pour garder vos collaborateurs en forme et pour développer votre entreprise. »
Un dirigeant qui manque de poigne
D’un leadership empathique vers un bien-être mental et des résultats d'exploitation à nouveau bons et durables. Stijn Baert voit clairement le lien, mais précise toutefois : « Je pense qu’un dirigeant empathique ne doit pas manquer d’adopter une position claire. Il est insensé de toujours trouver des excuses en présence de problèmes structurels dans une collaboration. Si certaines personnes ne cessent de commettre les mêmes erreurs, il ne faut pas essayer de les masquer. Ces erreurs finiront en effet par ressurgir ultérieurement et il sera alors peut-être trop tard pour y remédier ou elles auront déjà eu trop d’impact. Je pense que les gens ont besoin d’un dirigeant empathique, qui n’hésite pas à se positionner clairement à tout moment. »
