L’ère des factures papier conservées dans des boîtes à chaussures poussiéreuses sera bientôt révolue. Le 1er janvier 2026, toutes les entreprises assujetties à la TVA en Belgique devront passer à la facturation électronique. Tous les entrepreneurs devront émettre et recevoir exclusivement des factures électroniques structurées via le réseau Peppol pour les transactions B2B. Une révolution numérique est donc en marche et celle-ci nécessite une collaboration étroite entre l’expert-comptable et l’entrepreneur.
Le Conseil supérieur des Indépendants et des PME entend faciliter la connexion entre ces deux parties. Cet organe consultatif fédéral représente 190 organisations de PME agréées et regroupe d’innombrables entrepreneurs issus de différents secteurs, du boulanger au dentiste. Nous avons abordé le thème de la facturation électronique et ses conséquences pour les experts-comptables avec Jef Cools, secrétaire général adjoint f.f.
Bonjour Jef. La date d’entrée en vigueur de la facturation électronique obligatoire approche, mais dans quelle mesure les entrepreneurs y ont-ils déjà recours à l’heure actuelle ?
« Les autorités se sont penchées sur la question en août 2024 et une enquête a été menée par l’université de Hasselt afin de sonder les entrepreneurs sur la méthode de facturation qu’ils utilisent. L’enquête a révélé que 7 % des entrepreneurs travaillent toujours avec des factures papier et que 53 % des entrepreneurs envoient des factures numériques, mais n’utilisent pas encore de logiciel dédié. L’enquête nous apprend également qu’un entrepreneur sur deux n’est pas au courant des obligations relatives au réseau Peppol. En bref, de très nombreuses PME doivent encore passer à la facturation électronique et il sera difficile de préparer tous les entrepreneurs à cette échéance. À ce jour, quelque 219 500 entreprises sur les 1 169 000 recensées en Belgique sont inscrites sur Peppol. »
Quel est le rôle de l’expert-comptable dans le cadre de l’utilisation du réseau Peppol ?
« À l’heure actuelle, une multitude de rôles sont attribués à l’expert-comptable. Nous l’avons d’emblée signalé aux pouvoirs publics : il n’est pas faisable pour l’expert-comptable de tout résoudre pour les PME. Afin d’informer et de préparer chaque entrepreneur au mieux, le gouvernement doit encore mettre en place un kit de communication et une campagne Peppol. Il est toutefois indispensable que les experts-comptables donnent également des conseils à leurs clients. Notre organe consultatif encourage explicitement les PME à consulter leur expert-comptable et à s’atteler à la transition vers la facturation électronique. J’espère dès lors vivement que les experts-comptables rempliront leur rôle, qui est essentiel dans le cadre de ce processus innovateur. »
« Les experts-comptables qui n’adoptent pas Peppol risquent de perdre de très nombreux clients. »
Comment l’expert-comptable peut-il mettre en œuvre efficacement la facturation électronique ?
« La première recommandation est de disposer d’un logiciel compatible avec Peppol. Actuellement, il existe sur le marché une multitude de solutions gratuites ou abordables et faciles à utiliser. L’expert-comptable se doit de montrer l’exemple. La deuxième étape est de convaincre les clients entrepreneurs d’adopter ce logiciel, si ce n’est pas déjà fait. Cela permet en outre de disposer d’un canal de communication direct avec eux. Si la plupart des clients ne sont pas encore inscrits sur Peppol, il peut être judicieux de les regrouper par secteur et d’examiner quel logiciel est le plus adapté. »
L’expert-comptable peut-il lui-même tirer profit de la facturation électronique ?
« Absolument. Tout d’abord, la facturation électronique représente un gain de temps et d’argent non négligeable. Aujourd’hui, de nombreux experts-comptables introduisent encore les factures manuellement dans un logiciel, alors que ce processus peut être automatisé. Cette technologie n’est pas une menace pour le métier d’expert-comptable, car la valeur ajoutée de l’expert-comptable ne réside pas dans la numérisation des factures. En outre, bon nombre d’experts-comptables n’ont souvent pas le temps de se consacrer à cette tâche, qu’ils considèrent comme rebutante. La facturation électronique est une solution win-win tant pour les experts-comptables que pour les entrepreneurs. »
Les experts-comptables qui n’adoptent pas Peppol en subiront-ils les conséquences ?
« En ce qui concerne la facturation électronique, la responsabilité incombe entièrement à l’entrepreneur lui-même. Sur ce plan, l’expert-comptable n’est donc aucunement responsable, sauf s’il établit et envoie lui-même les factures pour son client. De plus, la législation n’impose aucune intégration entre la facturation et la comptabilité, ce qui ne signifie absolument pas que l’expert-comptable ne doit pas s’intéresser à Peppol. S’il ne passe pas à la facturation électronique, il risque de perdre de nombreux clients. Au sein du Conseil supérieur des Indépendants et des PME, notre but est avant tout de sensibiliser les entrepreneurs et les experts-comptables aux avantages de la facturation électronique. »
