Stress, fatigue et insomnies font malheureusement partie du quotidien de nombreux experts-comptables et conseillers fiscaux. Ainsi, parmi les 434 experts-comptables interrogés par Liantis dans le cadre d’une enquête, 43,6 % admettent être stressés quasiment en permanence. L’ITAA accorde dès lors aussi une attention toute particulière à cette problématique. « La pression ressentie par nos collègues dans la profession est énorme », confirme le président de l’institut Bart Van Coile.
Énergie
Pour Bart Van Coile, la journée de travail commence tôt le matin, bien avant le lever du jour. « Vers 5 h 30, je saute du lit. Et vous pouvez prendre cela au pied de la lettre (rires) ! La perspective d’une nouvelle journée remplie d’opportunités me réjouit. » Mais le président de l’ITAA reste lucide quant à la charge de travail qui l’attend. « J’ai du pain sur la planche et je sais que l’équilibre entre mon travail et ma vie privée est loin d’être parfait. Pourtant, je me rends compte de son importance. J’essaie de consacrer suffisamment de temps à ma famille, parce que ces moments-là sont impossibles à rattraper plus tard. Je prévois aussi du temps pour ma passion : la randonnée en montagne. »
Forte pression
Bart Van Coile jongle entre la fonction de président de l’ITAA et le rôle d’associé au sein de son propre bureau d’expertise comptable. Rien de surprenant donc à ce qu’il ait du mal à concilier travail et vie privée. Liantis a récemment interrogé 434 experts-comptables et parmi eux, 43,6 % admettent ressentir un stress quasi constant. En outre, 25,2 % d’entre eux confient avoir l’impression d’être presque en permanence dépassés par leur charge de travail. « La pression ressentie par nos collègues dans la profession est énorme. La situation économique actuelle entraîne beaucoup d’agitation et d’inquiétude, et cela pèse sur leur quotidien. En temps de crise, il ne faut pas sous-estimer le nombre d’entrepreneurs qui se tournent vers leur expert-comptable pour obtenir des conseils. »
Le rôle des autorités
« En outre, les autorités ne nous aident pas », affirme Bart Van Coile. « Elles sont confrontées à une lourde charge administrative et se contentent de la transférer à nos experts-comptables et conseillers fiscaux. Ça, j’ai du mal à l’accepter. Je comprends que nous avons un rôle à jouer sur le plan social, et que nous devons par exemple prévenir les entrepreneurs lorsque leurs chiffres sont mauvais. Je comprends aussi que nous devons prendre des mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent. Mais nous ne pouvons pas continuer à repousser nos limites. Prenez le registre UBO : une quantité astronomique de tâches administratives, et tout ça pour quoi ? De telles absurdités alourdissent sérieusement la charge de travail des experts-comptables et pèsent sur leur santé mentale. Ce qui est frustrant aussi, c’est que les autorités développent des outils afin d’automatiser les processus, mais elles ne pensent pas suffisamment aux utilisateurs, à savoir nos experts-comptables et conseillers fiscaux. Bref, je trouve que notre métier n’est pas apprécié à sa juste valeur. Dans d’autres pays comme la France, on nous respecte beaucoup plus. D’ailleurs, même le président (l’ancien) y assiste aux réunions annuelles. »
Responsabilités
Mais selon Bart Van Coile, les autorités ne sont pas les seules responsables. « Bien entendu, tout commence au bureau. Chacun doit essayer de gérer la pression et d’offrir à ses collègues des possibilités de travail flexible, comme le télétravail. Les experts-comptables et conseillers fiscaux peuvent également atténuer la pression associée aux pics d’activité en misant sur la numérisation. Nous avons aussi une responsabilité en tant qu’institut. Nous devons notamment fournir les outils nécessaires tels que la solution que nous avons élaborée en matière de facturation numérique. À cet égard, les pays voisins sont admiratifs de notre travail. Pour finir, nous nous engageons également à relancer et à stimuler constamment les autorités afin d’attirer leur attention sur le bien-être des experts-comptables et conseillers fiscaux. »
Écoute
Cette attention est également bien présente au sein de l’ITAA. Ainsi, l’institut a récemment désigné un responsable RH en vue d’étudier la problématique de la résilience mentale. « Le rôle de cette personne est d’écouter et de comprendre les difficultés rencontrées par les professionnels du métier pour ensuite venir les rapporter à la direction, de sorte que nous puissions réagir aussi vite que possible. Nous avons également mis en place le fonds "SOS ITAA" auquel les experts-comptables et conseillers fiscaux peuvent faire appel en cas d’urgence en matière de santé mentale, par exemple, mais aussi en cas de problèmes graves comme les inondations de juillet 2021. »
Échéances
Et puis, il y a le sujet tabou, à savoir les délais particulièrement serrés relatifs à la déclaration à l’impôt des personnes physiques, entre autres. En effet, stress et incertitude sont omniprésents à cet égard. Cette année encore, les échéances ont finalement été repoussées après beaucoup de lobbying. « C’est une question complexe, mais la situation devrait bientôt s’améliorer. Pendant plusieurs mois, nous avons mené des négociations avec le ministre Van Peteghem. Nous avons instauré un climat d’écoute mutuelle et respectueuse et nous n’avons pas hésité à tout mettre sur la table, car les préoccupations sont grandes dans le secteur, et la reconnaissance trop limitée. Finalement, nous sommes parvenus à un compromis acceptable : une solution sur laquelle chaque partie a pu s’accorder. Ainsi, à partir de l’année prochaine, les échéances seront fixes et les délais raisonnables. L’objectif de cet accord est d’apaiser les tensions dans le secteur. Les experts-comptables n’auront plus d’incertitudes et sauront à l’avance à quoi s’en tenir. Nous espérons ainsi pouvoir continuer à assurer la faisabilité de notre métier », conclut Bart Van Coile.
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Découvrez ci-dessous les autres articles de notre série d’entretien avec Bart Van Coile :
- Partie 1 : « Digital first » : oui, mais à quoi faut-il faire attention ?
- Partie 2 : Un métier attractif malgré le rétrécissement du marché de l’emploi