Entrée en vigueur le 31 octobre 2018, la réglementation relative au registre UBO (« Ultimate Beneficial Owner ») constitue une nouvelle étape dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. La loi prévoit l’obligation pour de nombreuses organisations, dont votre société(*) et votre ASBL, d’identifier leurs bénéficiaires effectifs (UBO) dans le registre. L’objectif est de permettre une plus grande transparence sur l’identité de la personne physique qui se cache derrière votre société ou ASBL. Les règles varient selon le type d’organisation. Qu’en est-il exactement pour votre société, d’une part, et pour votre ASBL, d’autre part ?
La loi relative à la prévention du blanchiment de capitaux distingue trois catégories de personnes physiques :
(*) Attention : la plupart des sociétés cotées en Bourse et leurs filiales ne sont pas tenues d’enregistrer leurs bénéficiaires effectifs. Les partis politiques européens ainsi que les fondations politiques européennes en sont également dispensés. Consultez la FAQ du SPF Finances pour de plus amples informations.
Dans le cas d’une ASBL, il s’agit en premier lieu des membres du conseil d’administration. Les personnes habilitées à représenter votre association doivent également être identifiées comme bénéficiaires effectifs, de même que les personnes chargées de la gestion journalière de celle-ci.
Une quatrième catégorie de bénéficiaires effectifs de votre ASBL se compose des personnes dans l’intérêt principal desquelles votre ASBL a été constituée ou opère (par exemple, les personnes souffrant d’un handicap dans la Région de Bruxelles-Capitale).
Toute personne exerçant par d’autres moyens le contrôle en dernier ressort sur votre ASBL doit également être enregistrée comme bénéficiaire effectif. Il s’agit, par exemple, d’une personne qui agit dans les coulisses via un ou plusieurs hommes de paille ou qui, par un cumul de mandats de représentation, exercerait dans les faits un contrôle sur l’association.
Par ailleurs, toutes les catégories de bénéficiaires effectifs d’une ASBL sont cumulables. Cela signifie donc que vous devez enregistrer toutes les personnes considérées comme bénéficiaires effectifs de votre ASBL.
Soulignons que les fondateurs de votre ASBL ne sont pas des bénéficiaires effectifs, pour autant qu’ils ne tombent pas sous une autre catégorie de bénéficiaires effectifs. Les travaux parlementaires préparatoires de la loi relative à la prévention du blanchiment de capitaux précisent en effet que les fondateurs qui ne sont souvent plus membres de l’ASBL depuis des dizaines d’années ou n’y exercent aucune fonction ou mandat, peuvent difficilement être considérés comme bénéficiaires effectifs de cette ASBL.
Les sociétés et ASBL doivent fournir les informations suivantes pour chaque bénéficiaire effectif :
Ce sont les administrateurs ou gérants de votre société ou ASBL qui doivent fournir les données des bénéficiaires effectifs ainsi que les pièces justificatives nécessaires. En cas de changements dans ces données, ceux-ci doivent être transmis dans le mois au registre UBO, en plus de l’obligation de confirmer et de mettre à jour les données au moins une fois par an.
eStox, une initiative récente de la Fédération Royale du Notariat belge (Fednot) et de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux (IEC), pourrait faciliter considérablement cette tâche de l’organe de gestion. Le nouveau registre électronique des titres prévoit ainsi un lien direct avec le registre UBO. Si vous le souhaitez, vous pouvez dès lors transmettre automatiquement les données sur les bénéficiaires effectifs de votre entreprise au SPF Finances par le biais de ce registre. En savoir plus ici.
La loi prévoit différentes sanctions selon le type d’obligation incombant aux administrateurs ou aux gérants :
Les administrateurs ou les gérants qui n’ont pas communiqué (à temps) les informations requises ou qui ont communiqué des informations incomplètes ou erronées au registre UBO s’exposent, conformément à l’arrêté royal du 30 juillet 2018, à une amende administrative de 250 à 50 000 euros.
En vertu de l’article 1:36 du Code des sociétés et des associations, le défaut de communication ou la communication tardive ainsi que l’omission de recueillir ou de conserver les informations requises sont par ailleurs punis d’une amende de 50 à 5 000 euros.
Non seulement des autorités comme la police, le parquet et le fisc ont accès au registre, mais tous les groupes professionnels qui doivent transmettre ces données dans le cadre d’un contrôle clients (comme les experts-comptables, les notaires et les avocats) peuvent en principe aussi consulter toutes les informations relatives aux bénéficiaires effectifs de votre société ou ASBL.
En ce qui concerne les sociétés, tout membre de la population peut également demander l’accès – et ce, sans aucun motif – à la différence qu’il ne pourra pas voir certaines données à caractère personnel.
Pour les ASBL, les conditions sont plus strictes et il faut pouvoir démontrer au moins un intérêt légitime, faute de quoi seules les données de certaines catégories d’UBO pourront être consultées.
Heureusement, toutes les données que vous devez enregistrer ne sont pas visibles par tout le monde. Par exemple, votre numéro de Registre national et adresse de résidence restent des informations privées pour les citoyens et pour les personnes qui démontrent un intérêt légitime ou introduisent une demande écrite.
En outre, si vous avez des raisons valables de penser que vous courez un risque du fait de l'accessibilité de vos données, vous pouvez demander, en tant que bénéficiaire effectif, à protéger encore plus de données. Il est également possible de prévoir une plus grande confidentialité pour les bénéficiaires effectifs mineurs ou incapables.
Attention :
5. Enfin, élaborez de bonnes procédures internes pour vous permettre de communiquer chaque modification dans les temps, car une longue liste de bénéficiaires demande un suivi important.
Vous avez encore des questions sur le registre UBO ? Demandez conseil à votre expert-comptable ou consultez le site du SPF Finances. Outre de nombreuses informations importantes, vous trouverez une FAQ ainsi que des manuels pratiques.