Devenir indépendant

Laurence Schalck nous raconte comment elle a lancé sa boutique de vêtements '1993'

Rédigé par Martijn Vanhinsberg | 18 février 2020

Démarrer une activité indépendante demande de prendre en compte toute une série d’éléments. Âgée de 25 ans, Laurence Schalck est depuis quelques mois la fière propriétaire de la boutique de vêtements 1993 située à Audernarde. Elle s'étend volontiers sur ses motifs, ses défis et l'influence d’internet. « Je préfère regretter d'avoir essayé quelque chose que regretter de n'avoir rien tenté. »

 

1993 : un nom d’entreprise personnel

Entrer dans la boutique 1993 du centre d'Audenarde, c'est comme entrer dans Instagram lui-même. Les tons pastel tendance et les coloris bois mettent les vêtements en valeur. Des accessoires mode attrayants trônent sur le comptoir, derrière lequel nous attend la gérante Laurence Schalck (25), le sourire aux lèvres.

« Cette boutique, c'est mon enfant, mon bébé », dit d’emblée Laurence. « Son nom, c’est mon année de naissance. Je voulais un nom qui montre à quel point mon âme est dans ce magasin. Ce devait être quelque chose de personnel. J'ai soudain songé à 1993. Après avoir laissé l'idée mûrir quelque temps, j'ai décidé que tel serait le nom de mon commerce. » Un nom qui est également tatoué sur le bras gauche de la jeune entrepreneuse.

« Il symbolise le plus grand revirement survenu dans ma vie jusqu'à présent. Ce n'est pas tous les jours qu'on décide de devenir indépendant ! »

 

Le grand saut

Enfant déjà, Laurence était passionnée de mode et rêvait d'ouvrir son propre magasin. « Avec un diplôme de bachelier en gestion de la communication en poche, elle a d'abord travaillé pour une grande enseigne de mode. Mais au bout d'un temps, elle ne se sentait plus épanouie dans son travail et s’est mise à envisager d'autres options. Elle a très vite su qu’ouvrir une boutique de vêtements était vraiment ce qu'elle voulait faire dans la vie.

Renoncer à être salariée n'est pas une décision que Laurence a prise du jour au lendemain. « J'ai commencé à élaborer mon plan d'affaires alors que j'étais encore employée. Trouver un bâtiment adéquat faisait partie des étapes importantes. Il me fallait un endroit qui me permettrait de toucher mon groupe cible, des femmes désireuses d'acheter des tenues mode, intemporelles et de qualité. C'est finalement à Audenarde que j'ai trouvé l'endroit idéal. »

Il a ensuite fallu beaucoup négocier avec des marques de vêtements. Sans parler du temps nécessaire pour les « petites » choses : les autocollants pour la vitrine, les cartes de visite, les tasses à café... Ce n'est qu'une fois le puzzle assemblé que j'ai quitté mon emploi fixe. »

«Je savais que, malgré tous ces préparatifs, il était possible que mon concept ne porte pas ses fruits. Mais je suis d'avis qu'il vaut mieux regretter d'avoir essayé quelque chose que regretter de n'avoir rien tenté. »

 

Le comptable, un allié précieux

À l’heure de lancer un projet d'affaires, l'aspect financier est capital. « J'avais beaucoup économisé les années précédentes et j'ai eu la chance de bénéficier d'une aide financière de mes parents. Je n'ai donc pas dû emprunter. Et le soutien de mes parents me motive à m'impliquer pleinement. Je veux les rendre fiers. »

Laurence a travaillé de manière réfléchie dès le départ. Chaque décision, du type de cabines d'essayage aux penderies, devait cadrer dans le budget.

« J’ai d'emblée fait appel à un comptable. Il m'épaule dans tous mes calculs et m'a aidée de manière concrète à me lancer. Je n'avais aucune expérience en la matière. Je me suis totalement fiée à son expertise qui a été pour moi un véritable ancrage. C'est également lui qui m'a conseillé la caisse d'assurances sociales de Liantis. »

 

Expérience magasin

La boutique de Laurence a ouvert ses portes en janvier 2019. « Je dirais que c'était pour moi un moment surréaliste. Il m'a fallu quelques jours pour réaliser que ça allait dorénavant être ma vie. C'est encore étrange pour moi de voir des personnes quitter la boutique avec un sac où figure 1993. Sans parler des compliments sur les médias sociaux. C'est incroyablement satisfaisant. »

À noter que Laurence est actuellement l’une des rares personnes à encore oser ouvrir un magasin physique. Beaucoup optent pour une boutique en ligne. « Il est peut-être plus facile de lancer une boutique en ligne. Dans les deux cas, vous devez acheter des vêtements, mais pour louer un bâtiment, par exemple, il vous faut davantage de fonds. Avec une boutique en ligne, vous prenez moins de risques. »

Laurence a décidé d'aller de l'avant, malgré les incertitudes. « Les boutiques en ligne sont devenues incontournables. C'est un fait. Je pense en ouvrir une, moi aussi, dans l'avenir. Mais j'aime faire du shopping, comme beaucoup d'autres personnes. Non pas dans les magasins d'une chaîne, mais dans une boutique où l'expérience est globale. J'aime y trouver de beaux articles, un accueil chaleureux et des conseils personnalisés. Les gens aiment surtout être conseillés. Quelles chaussures porter avec cette robe ? Quelle blouse marier avec cette jupe ? Ces conseils ne sont pas fréquents en ligne. J'ai donc l'intime conviction que les magasins physiques comme le mien ne sont pas près de disparaître. »

 

Instagram famous

Laurence n'a pas de boutique en ligne pour le moment, mais cela ne l'empêche pas d'être active sur la toile. Elle voit Instagram comme un canal pratique pour faire connaître sa boutique. Il lui arrive de publier des photos de mannequins qui portent ses marques de vêtements, et plus souvent encore, c'est elle-même le mannequin. « J'ai déjà remarqué que mes propres postes sont souvent plus efficaces. Probablement parce que les gens s'identifient plus facilement à moi. De plus, avec mes vidéos et mes photos, ils peuvent immédiatement juger du tomber ou de l'ampleur d'un vêtement. » Et Laurence est intimement convaincue de l'efficacité de cette approche :

« Quand je poste sur Instagram une photo avec une robe, des personnes arrivent quelques heures plus tard dans mon magasin et demandent cette pièce spécifique. »

Laurence affiche parfois un look nonchalant sur les photos, mais elle consacre énormément de temps à sa présence en ligne. « Souvent, je suis encore là le soir à répondre à des messages. Cela fait partie de l'approche. Mon ami me soutient et me signale même s'il voit sur Instagram un message d'une personne qui porte un vêtement de ma boutique » (rire)

 

Droits ou devoirs

Voilà plusieurs mois déjà que Laurence travaille comme indépendante. Jusqu'ici, elle ne s'est pas plainte un instant du grand tournant qu’a pris sa vie. « La liberté que j'ai maintenant est merveilleuse. Mes journées sont plus longues, mais je n'en ai pas l'impression. J'ai le sentiment qu’en tant qu'indépendante, j'ai plus d'obligations que de droits et je pense que cela empêche encore beaucoup de personnes de se lancer. Je trouve les cotisations sociales très élevées et ce que vous obtenez en retour n'est pas toujours clair. Par ailleurs, il existe encore un contraste flagrant entre la sécurité sociale des salariés et celle des entrepreneurs. »

 

Evaluer et évoluer

Malgré sa passion pour le shopping dans un magasin physique, l'ouverture d'une boutique en ligne semble être la prochaine grande étape de son aventure entrepreneuriale. « Je pourrai la combiner avec mon magasin. Je sais que cette présence en ligne s'accompagnera d'une série de nouveaux défis. Par exemple, je devrai embaucher un premier collaborateur pour assurer le suivi de la boutique en ligne. Et j'aurai aussi besoin de plus de vêtements en stock pour pouvoir répondre rapidement aux commandes. Des efforts financiers supplémentaires sont donc à prévoir.»

Laurence veut constamment évaluer et évoluer. « Ouvrir une deuxième boutique, ça ne me dit rien. Suivre la dernière mode et les dernières tendances, et tenir compte des souhaits de mes clients : c'est déjà un solide défi en soi. Je préfère m'en tenir à un seul magasin, qui reste petit et accueillant. Une boutique où les gens trouvent de beaux vêtements et où ils se sentent bien. C'est ça ma passion et je veux continuer à la chérir.