Experts-comptables et conseillers fiscaux

Partie 2 : Un métier attractif malgré le rétrécissement du marché de l’emploi

Rédigé par Florence Van Coillie | 13 février 2023

Pour le président de l’ITAA Bart Van Coile, cela ne fait aucun doute : le plus beau métier du monde, c’est celui d’expert-comptable et de conseiller fiscal. « Aider les entrepreneurs à se développer, c’est fantastique. » Mais comment faire pour convaincre les jeunes d’opter pour cette profession ? Et pourquoi lui associe-t-on encore souvent (à tort) une image si désuète ? « Petit à petit, nous essayons de changer cette perception erronée. »

Un métier passionnant

Bart Van Coile doit son intérêt pour le secteur financier à ses parents, du moins en partie. « Mes parents dirigeaient une agence bancaire indépendante, et j’ai moi-même commencé ma carrière en tant que responsable d’agence pour la Kredietbank. Mais très vite, j’ai compris que cela ne me correspondait pas. J’ai alors rejoint un cabinet de révision, et en 1986, après l’entrée en vigueur de la loi de 1985, je me suis tourné vers l’expertise comptable », raconte Bart Van Coile, aujourd’hui à la tête de son propre bureau dans lequel il emploie 39 collaborateurs.

Lorsqu’on lui demande ce qu’il aime tant dans son travail, on ne peut qu’être frappé par son enthousiasme sincère. « C’est le plus beau métier du monde ! Pourquoi ? Parce qu’il donne le pouvoir d’aider les gens. Les voir évoluer, bien souvent plus vite que soi-même en tant qu’entrepreneur, c’est quelque chose de très énergisant. » D’ailleurs, Bart Van Coile se remémore avec plaisir de belles histoires. « Un jour, deux dames sont venues me voir. Elles étaient vraiment coincées : elles rêvaient de créer leur entreprise, mais elles avaient été mal conseillées et traversaient donc une période difficile. Heureusement, j’ai pu les tirer d’affaire, et ça a été le début d’une belle aventure entrepreneuriale. Ensemble, nous avons obtenu de beaux résultats. Elles gardent un très bon souvenir de notre collaboration et nous sommes restés amis. »


De la place pour les nouveaux arrivants

Depuis quelques années déjà, le métier d’expert-comptable et conseiller fiscal fait partie de la liste des métiers en pénurie. On dénombre ainsi des centaines de postes vacants. Cette pénurie sur le marché du travail entraîne des défis colossaux, et cela commence dès le choix des études. « Qu’est-ce qui attire le plus les étudiants à ce moment-là ? Dans quel domaine peuvent-ils laisser libre cours à leur créativité ? Souvent, les jeunes ne pensent pas à notre métier, qui souffre à tort de sa réputation. La faute aussi aux éditeurs de logiciels qui affirment pouvoir nous remplacer grâce à leurs outils, et selon qui notre travail serait donc voué à disparaître. Mais rien n’est moins vrai. En réalité, les logiciels nous aident à améliorer les services que nous offrons à nos clients. Qui plus est, notre secteur est en plein essor : on parle d’une croissance de 7,8 % rien qu’au cours des deux dernières années. »

Une reconnaissance plus rapide

Selon le président de l’ITAA, l’enseignement constitue un autre défi. « Nous devons préserver la qualité de l’enseignement tout en améliorant l’accessibilité du métier. C’est pourquoi nous avons conclu des protocoles avec les hautes écoles et les universités afin de permettre aux jeunes diplômés d’accéder directement à la profession. Actuellement, ils doivent encore se soumettre à des examens d’entrée, effectuer un stage, passer des tests intermédiaires et réussir des examens aussi bien oraux qu’écrits, et ce alors qu’ils sont déjà diplômés. En conséquence, beaucoup de jeunes ne deviennent expert-comptable ou conseiller fiscal agréé qu’à l’âge de 27 ou 28 ans. Nous voulons changer cela en instaurant un diplôme complémentaire après les études. Il suffirait alors de décrocher ce diplôme et de réussir la partie orale de l’examen d’aptitude pour pouvoir accéder à la profession. Nous espérons ainsi encourager les jeunes à choisir cette orientation. »


Employer branding

De plus en plus de bureaux travaillent activement au renforcement de leur image de marque en tant qu’employeur. « Ils veulent offrir plus qu’un travail en encourageant par exemple l’esprit d’équipe grâce à des team buildings ou à des moments de détente entre collègues, en permettant à leurs collaborateurs de faire du télétravail ou en laissant la porte ouverte à d’autres arrangements flexibles. En effet, tout le monde sait qu’il s’agit là de critères déterminants pour attirer les jeunes. Ici, au bureau, nous prévoyons régulièrement des moments de détente pendant les heures de travail pour nous rapprocher en tant que groupe et faire une activité amusante tous ensemble. L’institut contribue également à améliorer notre image en créant par exemple des capsules vidéo très sympathiques visant à faire découvrir le métier aux étudiants. Personnellement, je pense que nos efforts commencent à porter leurs fruits, même s’il s’agit d’un travail de longue haleine. Mais nous comptons sur l’effet boule de neige et nous espérons que notre image continuera à évoluer de manière positive. »

Envie d’en savoir plus ?

Découvrez ci-dessous les autres articles de notre série d’entretien avec Bart Van Coile :

- Partie 1 : « Digital first » : oui, mais à quoi faut-il faire attention ?
- Partie 3 : La santé mentale des experts-comptables et conseillers fiscaux : un point à ne surtout pas négliger