Qu’en est-il exactement de la présence d’anticorps contre le coronavirus chez les résidents et les membres du personnel des maisons de repos ? Telle est la question qui a servi de point de départ à Liantis, fin 2020, pour mener une étude à grande échelle dans vingt maisons de repos en Flandre et à Bruxelles. Les résultats ont été publiés début mars 2022 dans une revue scientifique. Nous faisons le point avec vous.
Entre le 19 octobre et le 13 novembre 2020, Liantis a prélevé, en collaboration avec l’université de Gand, quelque 1 200 échantillons sanguins auprès des résidents et du personnel d’une vingtaine de maisons de repos en Flandre et à Bruxelles. Les chercheurs entendaient évaluer la situation précise en matière d’anticorps contre le coronavirus dans les maisons de repos durement touchées par la pandémie. « Lors de la première vague, les maisons de repos étaient dans une situation effroyablement précaire. Nous avons voulu évaluer la situation dans ces institutions en matière d’anticorps. Nous avons aussi voulu savoir comment expliquer les éventuelles différences, entre les maisons de repos d’une part et par rapport à la population en général d’autre part, » explique Tom Geens, manager research & analytics chez Liantis.
L’enquête a rapidement livré quelques conclusions : avec en moyenne 17 % de collaborateurs et de résidents présentant des anticorps, les maisons de repos standard s’avéraient beaucoup plus durement touchées que la population belge (9 %).
« Mais précisons qu’il n’existe évidemment pas d’institution moyenne. Les écarts entre les vingt institutions étaient très marqués. Nous n’avons relevé aucune présence d’anticorps dans quatre maisons de repos, alors que d’autres affichaient un taux de loin supérieur à 40 %. Une question se posait donc : pourquoi de telles différences ? » poursuit Tom Geens.
« Une analyse plus détaillée des données, réalisée par Heidi Janssens de l’équipe research & analytics de Liantis, a débouché sur une conclusion étonnante. Nous avons constaté que plus d’un tiers des personnes ayant des anticorps n’avaient pas développé les symptômes typiques de la maladie. Nous avons donc supposé que les personnes asymptomatiques avaient sans doute joué un rôle dans la propagation rapide du virus dans les maisons de repos, » souligne Tom Geens.
Il faut associer à cela la capacité de testing insuffisante au début de la pandémie (raison pour laquelle les personnes testées étaient principalement celles qui présentaient des symptômes) qui, selon Liantis, pourrait expliquer en partie la propagation rapide et à grande échelle du coronavirus dans les maisons de repos belges et les nombreux décès qui se sont ensuivis.
Les chercheurs de Liantis ont compilé les conclusions détaillées de cette étude dans un excellent article scientifique. La revue « Epidemiology & Infection » s’est montrée particulièrement intéressée par les résultats et les publiés début mars 2022.
« C’est surtout le fait d’avoir pu déterminer que de nombreux facteurs de risque dans la propagation d’une maladie infectieuse sont liés à l’institution elle-même qui nous aidera à proposer des avis plus éclairés sur la prévention des infections. Nous pensons notamment aux facteurs relatifs à l’utilisation d’équipements de protection individuelle (disponibilité et formation), mais aussi aux facteurs propres au bâtiment (comme la ventilation) ou à l’organisation du travail, » conclut Tom Geens.