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Le cabinet de soins à domicile « De Ronde van Bas » a rapidement rencontré un franc succès : « Impossible de diriger une entreprise si vous soignez des patients douze heures par jour. »

Rédigé par Florence Van Coillie | 12 février 2021

Kevin Bas nous explique comment son cabinet de soins à domicile est devenu un franc succès tout en nous indiquant les défis auxquels il fait face dans son rôle d’entrepreneur et d’employeur. « Impossible d'aller de l'avant avec des personnes qui n’apprécient pas votre entreprise. »

« De Ronde van Bas » a commencé très modestement : « Nous voulions développer un petit cabinet pour offrir des soins sur mesure. Mais la demande s'est avérée tellement importante que nous avons dû engager un premier collaborateur six mois après notre ouverture. Après un an, nous étions déjà quatre et ensuite tout s’est réellement accéléré », indique Kevin, l’un des deux fondateurs du cabinet de soins à domicile.

Prestataires de soins dans l’âme, avec une mentalité d’entrepreneur en prime

La réussite de « De Ronde van Bas » n’est en rien une coïncidence. Les fondateurs Kevin et Kurt se réunissent au moins deux fois par an pour évaluer leurs avancées et stratégie, mais aussi pour s’accorder en fonction de leurs nouveaux objectifs. Kevin explique : « Les soins infirmiers à domicile évoluent à vitesse grand V. De nouveaux besoins apparaissent chaque année, il faut donc s’adapter à temps. Il faut penser comme un entrepreneur et se démarquer, mais aussi évoluer avec le marché. Nous prodiguons des soins 24 heures sur 24, en fonction du patient. Nous offrons ce service car nous savons qu’il y a un besoin à ce niveau-là. »

« Adapter continuellement votre stratégie et répondre à la demande du marché, voilà ce qui est essentiel pour réaliser une croissance. » - Kevin Bas

Faire des affaires dans les soins de santé reste un sujet controversé.
Kevin n’est pas sans savoir qu’entreprendre dans le secteur des soins de santé reste un sujet sensible. « Les gens n’aiment pas entendre cela, mais les soins sont une activité comme une autre. Bien évidemment, il en va d’êtres humains, mais comme pour chaque secteur, il faut se démarquer de par le service et la qualité offerts. Et c’est ce que nous faisons en tant qu’entrepreneurs dans les soins de santé : offrir des soins de qualité, avec ce petit plus en plus. Il faut par exemple, ne pas oublier de laver les pieds du patient ou de faire son lit. Si votre offre est de qualité, pourquoi ne pourriez-vous pas faire de profits ?

Quand votre passion pour les soins est en danger

Kevin a déjà une certaine expérience dans l'entrepreneuriat. Il n’a ainsi pas toujours été facile de trouver le juste équilibre entre la prestation des soins et la gestion du cabinet. « Ma première activité consiste à soigner les gens et c’est toujours ce que je préfère. Mais au cours de ces dernières années, j’ai constaté qu’il était impossible de diriger une entreprise tout en administrant des soins douze heures par jour. Je ne m’en suis pas immédiatement rendu compte car j’adore ce que je fais. Aujourd’hui, je m’occupe uniquement des patients qui ont besoin de soins lourds et de mon expérience. »

« Entreprendre, c’est un peu comme le cyclisme : vous avez un coureur de tête et derrière lui, toute une équipe qui le soutient. » - Kevin Bas

« Entreprendre, c’est un peu comme le cyclisme : vous avez un coureur de tête et derrière lui, toute une équipe que le soutient. » À côté de cela, il faut aussi un chef d’équipe, un responsable des finances, un soigneur, des mécaniciens...C’est ce que l’on retrouve aussi dans l’entrepreneuriat. Si tout est bien huilé, tout se déroule comme il se doit avec une série de victoires en prime. Si un seul dérailleur déraille, impossible de gagner une course. »

La clé du succès ? Un savant mélange de collaborateurs

« Entre-temps, nous travaillons avec pas moins de quarante-huit collaborateurs. Il s’agit d'une équipe multidisciplinaire composée d’indépendants et de salariés . Notre pôle de candidats est ainsi devenu beaucoup plus grand. Bon nombre d’infirmiers ne parviennent pas à travailler dans de grands cabinets, et ils ne préfèrent pas non plus se lancer en tant qu'indépendant. Ce mélange nous a réellement sauvé, car le nombre d’infirmiers en recherche d’emploi est assez limité », explique Kevin.

Étant donné que « De Ronde van Bas » porte une attention particulière à la qualité des soins administrés, Kevin applique une vaste procédure de sélection tout en collaborant avec un coordinateur qualité qui veille à la qualité des soins administrés aux patients. Nous remarquons que malgré notre vaste screening, tout le monde n’a pas le même état d’esprit lorsqu’ils rejoignent notre entreprise. Dans ce cas, il faut oser se séparer des personnes qui n’ont pas leur place dans votre entreprise. Ce n’est pas facile, surtout parce qu’il y a une pénurie d'infirmiers. Mais bon, il est impossible de collaborer avec des gens qui n’apprécient pas votre entreprise », donne -t-il comme conseil à d’autres employeurs.

Le principal casse-tête de Kevin en tant qu’employeur, c’est d’offrir un agréable environnement de travail à son équipe et un travail dans lequel elle trouve satisfaction : « Je cherche à mettre mes collaborateurs au défi pour qu'ils évoluent, mais aussi à leur offrir des perspectives. » indique Kevin. « Il ne sert à rien de s'investir pendant dix ans dans une société pour au final la voir se délabrer. J’espère que si Kurt ou moi-même disparaissons dans vingt à trente ans, De Ronde van Bas pourra continuer. Et que la marque défendra toujours des soins de qualité. Nous tentons de déjà mettre en place les structures nécessaires à cette fin. Voilà l’un de nos principaux défis et objectifs. »

Retour sur un magnifique parcours

Si c'était à refaire, Kevin se lancerait plus tôt. « J'avais 36 ans quand j'ai sauté le pas. Nous avons dû rapidement résoudre les problèmes rencontrés lors de notre première croissance, sans trop pouvoir y réfléchir. Mais je ne regrette rien, en réalité. Je suis ravi de ce que nous avons déjà réalisé. Nous sommes par ailleurs encore toujours ambitieux. Je veux que les personnes disent qu’elles ne manquent de rien avec De Ronde van Bas comme prestataire de soins.

Des soins transfrontaliers à l’avenir ?

Kevin et Kurt regardent toujours vers l’avant, et l’avenir du cabinet s’annonce prometteur. « Nous envisageons d’ouvrir un cabinet à l’étranger. De nombreux Belges qui ont besoin de soins élisent domicile à Tenerife. Nous voyons donc s’il est possible d’y ouvrir un cabinet. »

Mais Kevin préfère quand même d’abord améliorer l'efficacité des soins à domicile dans sa région : « Je rêve de pouvoir mettre en contact et de faire collaborer différents infirmiers indépendants dans notre région. C’est un peu comme un service de garde de médecine générale, où des dizaines de médecins collaborent. D’après moi, il est possible d’établir ce genre de système avec des infirmiers. On est toujours plus forts à plusieurs. »