une« Je me souviens qu'à un moment, je travaillais seul au bureau à trois heures du matin et je me suis soudain mis à pleurer ». Avec cette confession à cœur ouvert, Jonas Deprez (33 ans) évoque un tournant de son parcours d'entrepreneur. En tant que « serial entrepreneur » et co-CEO de Donna, il sait mieux que quiconque à quel point la santé mentale est déterminante pour durer dans le monde de l’entrepreneuriat. Lors d'un entretien approfondi dans le cadre de notre podcast, il a expliqué comment il s'efforce d'avoir un style de vie équilibré, tout en étant un entrepreneur actif.
Jonas Deprez (33 ans) est un entrepreneur tech dans l'âme. En tant que co-CEO de Donna, un outil basé sur l'IA qui aide les collaborateurs vente dans leurs tâches quotidiennes, il est à la tête de sa deuxième entreprise prospère. Il a vendu au groupe Colruyt sa première entreprise, Daltix, qui fournissait des données à des détaillants comme Colruyt et Dr Oetker. Aujourd'hui, père d'une petite fille et d’un deuxième enfant à naître, il voit l'entrepreneuriat d’un autre œil que lors de ses premiers pas dans le monde des start-ups.
L'instinct d'entrepreneur, Jonas Deprez l’a toujours eu. De la vente de dessins à l'école primaire au développement de petits jeux pour calculatrices, la créativité et l'esprit d'entreprise allaient de pair chez lui. Mais c'est avec Daltix qu'il a découvert les véritables défis d'une croissance rapide.
« Au début, je faisais des semaines de 100 heures », explique humblement Jonas. « Avec quatre à cinq heures de sommeil par nuit et peu de temps pour les amis. » Un rythme de travail qu'il voyait comme une évidence à l'époque. « Vous entendez les histoires d'autres entrepreneurs et vous vous dites : je peux le faire aussi. Quand on a 25 ans, ça semble normal, mais à présent, je vois ça différemment. »
La vente de Daltix au groupe Colruyt a marqué un tournant. Au lieu de foncer à toute vapeur, Jonas a délibérément fait un pas en arrière. « J'allais voyager et je me suis inscrit à l'UGent. Mais à la maison, je sentais que quelque chose manquait ». Cette période de réflexion lui a permis de comprendre concernant l'entrepreneuriat durable certaines choses qu'il met aujourd'hui en pratique dans sa nouvelle entreprise, Donna.
Avec Donna, Jonas adopte désormais une approche radicalement différente. « Il faut se défaire de ses propres murs et de ses hypothèses de départ pour pouvoir devenir un véritable entrepreneur », déclare-t-il. C’est cette transformation personnelle qui s’est traduite dans son style de leadership. Alors qu'il avait l'habitude d'être disponible 24/7 et qu'il attendait inconsciemment la même chose de son équipe, il comprend aujourd'hui l'importance des limites. « L'ombre du leader est réelle. Si je regarde constamment mes mails quand je suis en vacances, quel est le signal que j'envoie à mon équipe ? » Ce genre de prise de conscience permet de mettre en place une culture d'entreprise plus saine, où l'équilibre entre travail et vie privée n'est pas une vaine promesse.
La clé de la résilience mentale réside dans de petites habitudes quotidiennes, selon Jonas. Il dévoile ses conseils concrets :
« Avec un deuxième enfant en route et des ambitions internationales pour Donna, cette structure n'est pas un luxe mais une nécessité », souligne-t-il. La différence avec ce qu’il faisait du temps de sa première entreprise est frappante : alors qu'il travaillait constamment en mode survie, il se crée aujourd'hui volontairement de la marge pour évoluer et se ressourcer.
Le succès ne se mesure plus aux heures sacrifiées, mais à l'impact durable, tant sur le plan professionnel que personnel. Avec Donna, Jonas cible une croissance internationale, mais pas à n'importe quel prix. « La courbe de croissance est nettement plus belle si vous mettez la barre haut, mais sur une base saine », conclut-il.
Pour les entrepreneurs débutants, Jonas a un message capital : investissez tôt dans votre santé mentale. C'est être à la fois ambitieux et prendre soin de soi qui fait la différence entre le succès à court terme et l’entrepreneuriat durable.