Après la « démission silencieuse » (quiet quitting), voilà que débarque un nouveau phénomène RH : les « travailleurs bruyants » (loud laborers) ! Ce terme désigne les travailleurs qui passent davantage de temps à parler de la montagne de travail accompli qu’à travailler réellement. La presse anglophone s’y est intéressée de près depuis quelques semaines. Se trouve-t-on face à une nouvelle tendance ou à un phénomène ancien doté d’une nouvelle étiquette ? L’experte Evy Sadicaris nous éclaire à ce propos.
On qualifie de « travailleurs bruyants » les personnes qui passent davantage de temps à parler de la montagne de travail accompli qu’à travailler réellement, dans une volonté de monopoliser un maximum l’attention sur leurs projets, leurs idées et leurs résultats présumés. Leur objectif ? Se faire remarquer, être appréciés... et viser éventuellement une promotion. C’est le scientifique André Spicer, de la Bayes Business School de Londres, qui a lancé ce nouveau vocable fin 2022. Le terme est devenu viral ces dernières semaines sur les réseaux sociaux au travers de vidéos qui tournent le phénomène en ridicule.
« Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une nouvelle tendance ; plutôt d’une nouvelle étiquette pour les “gros cous opportunistes”, » commente Evy Sadicaris, experte en bien-être psychosocial chez Liantis.
Aussi inoffensif que puisse paraître le phénomène, le comportement des travailleurs bruyants peut être source d’irritation et de frustration pour les personnes plus réservées et moins assertives. « Les travailleurs silencieux pourraient avoir l’impression que leur travail et leur talent passent inaperçus. Et plus la frustration grandit, plus elle risque de déboucher sur un conflit, ce qu’un employeur ou un responsable d’équipe veut bien entendu éviter, » poursuit Evy Sadicaris.
« Il arrive à tout le monde de soupirer ou de se plaindre d’un surplus de travail quand les journées sont déjà tellement chargées. Toutefois, cela ne doit bien sûr pas dégénérer en jérémiades qui, à la longue, mineraient le moral de toute l’équipe. Un employeur ou un responsable d’équipe se doit d’intervenir dès qu’il constate un agacement chez ses collaborateurs. »
Comme le souligne l’experte, le phénomène a aussi des côtés positifs. « Il n’y a rien de mal à s’autocongratuler de temps en temps. Cela peut être bénéfique pour la confiance en soi sur le plan professionnel. En général, on se focalise tellement sur ce qui ne va pas qu’on en oublie que, dans l’ensemble, tout fonctionne à merveille. Les bons résultats mériteraient d’être plus souvent fêtés, tous ensemble. Nous sommes parfois trop modestes dans ce domaine. »
Comment réagir face à un travailleur bruyant dans votre équipe ? « En tant que responsable d’équipe, il est intéressant de se demander pourquoi ce collaborateur fait preuve d’un tel comportement. Peut-être ne se sent-il pas valorisé ? Peut-être manque-t-il de confiance en lui ? N’hésitez pas à “creuser sous la surface” pour mieux appréhender la situation et parlez-en avec le collaborateur concerné.
Vous pouvez aussi dissiper le flou éventuel qui règne sur les résultats et/ou la productivité. Repensez la manière dont vous évaluez et mesurez actuellement la charge de travail. Il est recommandé d’utiliser des paramètres bien définis pour déterminer qui fait quoi et comment se répartit exactement la charge de travail. Cette méthode plus objective offre une vue claire des faits et permet d’évacuer de nombreuses frustrations au sein de l’équipe. »
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